Mazda MX-5 RF : une sportive toutes saisons

EXPLORATION

Mazda MX-5 RF : une sportive toutes saisons

Cap sur une Hokkaido enneigée histoire de mettre à l’épreuve la Mazda MX‑5 RF dans des conditions extrêmes.

Me voilà bien tenté de faire demi-tour, de retourner chez Mazda pour emprunter un CX-5 ou un CX-3, un véhicule à traction intégrale i-Activ. Hokkaido, l’île la plus septentrionale du Japon, disparaît sous un manteau de neige. Je n’ai jamais vu ça de ma vie. Et je suis au volant d’une Mazda MX-5.

Vu les circonstances, une décapotable surbaissée à roues arrière motrices n’est pas le mode de transport idéal. Mais il s’agit de la MX-5 RF, dont le toit rétractable en fait une véritable voiture sport toutes saisons. Ou, du moins, c’est ce que je veux vérifier. Comme toutes les Mazda, ce véhicule a été mis à l’épreuve à Hokkaido, sur les pistes de Kenbuchi, le site d’essai de Mazda.

« La route est couverte de neige et de glace compactées que je dois d’abord apprivoiser. Après quelques tâtonnements, je découvre que la deuxième vitesse en mode manuel est le meilleur moyen de démarrer. »

En hiver, la température chute bien en dessous de zéro et c’est là où le fabricant met à l’épreuve ses nouveaux modèles. Chaque composant, des écrous de roue au chauffage, en passant par les freins et le contrôle de la stabilité, est testé par des conditions climatiques extrêmes. Il en va de même pour les ingénieurs de Mazda qui vivent sur l’île pendant les longs mois d’hiver.

Nonobstant le froid, Hokkaido est aussi très belle. Je me propose donc de la découvrir dans les prochains jours, en profitant du point de vue unique offert par la MX-5 RF. L’habitacle de cette MX-5 aux normes japonaises est superbe. Un cuir Nappa souple habille les sièges et il ne faut que quelques secondes pour les régler. Les commandes, le volant et les pédales sont placés de manière à vous permettre de faire corps avec l’engin, c’est le fruit de la philosophie Jinba-Ittai de Mazda. Et cela, avant même de démarrer le moteur.

Hokkaido est la deuxième île du Japon par la taille. Son paysage a été forgé par des millénaires d’activité sismique. Elle ne compte pas moins de vingt volcans et un bon nombre sont encore actifs. L’odeur du soufre et autre émanation terrestre ne sont jamais loin. Avantage : une terre extrêmement fertile. Une bonne proportion de l’île est couverte de forêts vertes et denses, qui alimentent une industrie du papier prospère, et ses plaines sont propices à une agriculture dynamique. Les délicieuses citrouilles de Hokkaido, ses pommes de terre, le lait et le bœuf fournis par son bétail nourrissent tout le Japon. Mais en hiver, on ne s’en douterait pas. Seules les étranges structures des tunnels de culture ou des panneaux signalant la présence de vaches holstein révèlent l’abondance qu’apportent les chauds mois d’été.

D’un coup de pied, je vérifie la pression des pneus d’hiver. J’appuie ensuite sur le commutateur du siège chauffant (une option pratique par de telles températures), et c’est parti! La route est couverte de neige et de glace compactées que je dois d’abord apprivoiser. Après quelques tâtonnements, je découvre que la deuxième vitesse en mode manuel, accessible à l’aide de la manette montée sur la colonne de direction, est la meilleure façon d’aller de l’avant. En fait, le mode manuel semble mieux adapté aux conditions, car il me permet de passer les vitesses plus tôt afin d’éviter le patinage des roues motrices. La tentation de faire quelques dérapages est grande, cependant, j’approche du temple shintoïste de Kenbuchi et ce n’est pas l’endroit idéal pour ce type de facétie. Je descends pour faire sonner la cloche du temple qui est censée porter chance, ce dont j’ai grandement besoin.

À l’approche de la nuit, la visibilité baisse et je décide de prendre l’autoroute d’Hokkaido jusqu’à Sapporo et de m’y arrêter pour la nuit. À vitesse plus élevée sur l’asphalte dégagé, la RF est très raffinée. Le toit fermé, le bruit extérieur est réduit au minimum et le trajet passe vite.

Sapporo est une ville de près de deux millions d’habitants aguerris, où l’hiver est adouci au moyen d’exploits d’ingénierie qui défient la météo, comme des chaussées et des trottoirs chauffés. Je gare la voiture dans le stationnement automatisé de l’hôtel. Ayant placé la voiture sur une plaque tournante, je regarde bouche bée des robots l’emporter vers un endroit secret. J’ai une excellente raison de laisser la voiture au garage : la première brasserie japonaise, fondée en 1876. La bière Sapporo se boit fort bien avec un bon bol de ramen bien chaud.

Le lendemain se lève sur un ciel sans nuage et, malgré les -10 °C, je décide de profiter du soleil pendant qu’il dure et d’ouvrir le toit de la RF. Ayant fait chauffer le moteur (et les sièges), j’appuie sur le commutateur et 13 secondes plus tard, le toit est rangé au terme d’un ballet mécanique qui suscite l’approbation et l’incrédulité des témoins.

« J’appuie sur le commutateur et 13 secondes plus tard, le toit est rangé au terme d’un ballet mécanique qui suscite l’approbation et l’incrédulité des témoins. »

Équipé d’un chapeau et de gants, le chauffage à fond et le postérieur bien au chaud, je quitte Sapporo. Protégé du bruit par le déflecteur de vent intégré, ce n’est qu’en atteignant le col de Nakayama, à une heure au sud, que la neige qui s’est mise à tomber m’oblige à remettre le toit en place. Je roule presque au pas afin de laisser le mécanisme du toit exécuter la manœuvre de précision en sens inverse. Bien vite, la chaleur de l’habitacle douillet me laisse adopter une tenue plus légère.

À cette période de l’année, la neige est l’attraction principale d’Hokkaido. Réputées pour la meilleure poudreuse de la planète, de nombreuses stations de ski attirent des visiteurs du monde entier. L’une des plus prisées est Niseko. Cette région en plein essor voit le nombre de restaurants raffinés, d’hôtels et de maisons de luxe croître chaque année. C’est le Whistler japonais.

Nombreux sont les visiteurs qui s’y installent, comme le Canadien Andrew Spragg. Fondateur de Rising Sun Guides, il accompagne des groupes de skieurs et de planchistes en quête d’aventure sur des pentes moins fréquentées. Andrew habite Niseko depuis 2005 et se réjouit à chaque chute de neige. « Pour la poudreuse, c’est l’endroit rêvé », dit-il.

Il existe bien des façons d’escalader une montagne : remontées mécaniques d’une station de ski, motoneige, véhicule à chenilles ou même hélicoptère. Selon Andrew, le moyen qui monte en popularité est la planche à neige divisible. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une planche à neige qui se sépare en deux (sur la longueur) pour former deux skis. Il suffit d’ajuster les fixations, et ses « peaux » collantes d’ascension permettent d’atteindre des endroits jamais explorés par les planchistes auparavant. Une fois en haut, vous réassemblez la planche puis, à vous les pentes de poudreuse vierge. Le paradis!

En fin de journée, je roule une heure vers le sud, jusqu’au lac Toya où m’attend un hôtel extraordinaire — le Windsor — qui offre une vue sur le lac d’un côté et sur la mer du Japon de l’autre. Il possède en outre sa propre piste de ski, un terrain de golf et un spa. Pas mal du tout comme destination finale.

Comme la longue voie privée qui mène à l’hôtel est déserte, j’éteins l’antipatinage pour négocier les virages à l’aide des gaz plus que du volant, en me régalant de l’équilibre étonnant de cette MX-5 RF qui effectue avec grâce des dérapages contrôlés dans la nuit glaciale. Voilà qui termine notre voyage en beauté et résume bien l’immense plaisir que procure la conduite de la Mazda MX-5 RF. Mais ce que j’ai aussi découvert après ces heures au volant dans des conditions parfois très éprouvantes, c’est son grand confort et la confiance qu’elle inspire, quelles que soient la route ou la météo. C’est vraiment la voiture sport toutes saisons.


Texte Nik Berg / Images Eric Micotto

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