Par un frais samedi matin d’automne dans le quartier commerçant de Ginza à Tokyo, j’admire le reflet du rouge vibrant cristal métallisé du CX‑5 dans une élégante vitrine en attendant que la lumière passe au vert dans la rue Chuo-dori. Malgré l’heure matinale – le soleil vient à peine de percer par-dessus le grand magasin de luxe Ginza Six – les trottoirs sont envahis de clients ambitieux, venus pour une journée de magasinage salvateur entrecoupé de pauses réparatrices dans des restaurants étoilés.
Malgré mon optimisme initial (les rues étaient vides il y a à peine une heure), ce n’est manifestement pas l’endroit idéal pour faire un tour en voiture, ce que je réalise pleinement lorsqu’un policier aimable se penche vers moi pour m’expliquer poliment que je ne peux pas aller plus loin; les fins de semaine, la route est réservée aux piétons. Jusqu’ici, j’ai tout faux : un Mazda CX‑5 avec le plein de carburant et nulle part où aller. En tout cas, nulle part à Ginza. Je prends une décision. Je fais demi-tour et guide ce VUS d’une agilité étonnante à travers un dédale de rues étroites jusqu’à la périphérie de la ville – les tours font place aux maisons et les maisons aux champs, Tokyo est loin derrière nous. Notre destination? À 92 kilomètres au sud, où nous attend la ville de Hakone (à Kanagawa) et le légendaire Hakone Turnpike, dont le nom complet est Anest Iwata Turnpike Hakone.
Achevé au milieu du siècle dernier pour permettre aux camions de traverser les montagnes en contournant les villes environnantes, le Turnpike a subi de multiples transformations. À l’avènement du réseau autoroutier moderne du Japon, cette route à péage est tombée en désuétude jusqu’à ce que la communauté automobile la redécouvre et la popularise par le biais de mangas, de jeux vidéo et de compétitions de drift (pour certains, le Turnpike est le berceau du drift). De 2014 à 2017, Mazda a détenu la propriété des droits de dénomination et le Mazda Turnpike Hakone a vu le jour. Je jette un œil sur le compteur : rien que de penser à ce qui m’attend m’incite à appuyer sur l’accélérateur.
Le Turnpike commence au pied d’une chaîne de montagnes qui domine la baie scintillante de Sagami. La route s’élève de plus de 1 000 mètres en 14 kilomètres. N’étant plus commanditée par Mazda, on l’appelle désormais simplement Hakone Turnpike, et la vitesse y est limitée à 50 km/h, ce qui signifie que le trajet d’aujourd’hui est peut-être un peu plus lent que prévu, mais je m’en réjouis. Le panorama sur la mer est spectaculaire et la route est parsemée d’une couche de feuilles dorées, apportées là par une douce brise automnale. Pendant quelques instants, je m’émerveille de la polyvalence du CX‑5 : il y a deux heures à peine, il donnait l’impression d’être né pour la ville, en se faufilant dans les rues étroites de Tokyo, plutôt réservées aux voitures Kei japonaises. Puis, une fois sur l’autoroute, il s’est transformé en un pur VUS, avalant sans broncher les kilomètres de notre trajet vers le sud. Aujourd’hui, en gravissant la montagne, la boîte de vitesses Skyactiv-Drive à six rapports et le système de traction intègrale i‑Activ entrent dans la danse et me laissent négocier sans effort virage après virage. Très vite, nous dépassons la limite des arbres et nous parvenons au sommet. Une tour d’observation offre une vue incroyable sur le mont Fuji.
L’attrait du plus fameux sommet japonais est tel que le parc de stationnement est plein de riverains et de touristes. C’est là qu’une rencontre fortuite me rappelle que Mazda ne se contente pas de fabriquer des véhicules, mais qu’elle crée aussi une communauté unique. Ayant repéré quatre MX‑5, je fais connaissance avec Asaka, Himeko, Mikuko et Yuki, un groupe de femmes unies par la passion de la conduite. S’étant rencontrées sur les réseaux sociaux et lors de manifestations automobiles, ces aventurières prennent désormais la route ensemble pour partager leur amour de la conduite et celui de la MX‑5, qui date de plusieurs générations. « Mon père m’a dit que si je devais acheter une voiture, autant que ce soit une Mazda », plaisante Yuki, alors qu’elles mettent le contact et partent en convoi vers le lac Ashinoko d’Hakone, sous les regards admiratifs (et les appareils photo) qui oublient un instant le mont Fuji.
« Mazda ne se contente pas de fabriquer des véhicules, elle crée aussi une communauté. »
Mon séjour s’achève et ma destination finale est la Hakone Retreat Villa, un univers luxueux de chalets nichés dans les bois, de sources chaudes et de poêles à bois bien chauds. Comme le mont Fuji et la tour d’observation, ce complexe est un mélange d’ancien et de nouveau. Des vitres ondulées, vieilles de plus d’un siècle, et des tables en bois anciennes taillées dans la masse s’associent à une technologie de pointe et à une cuisine internationale pour créer un petit havre de paix. Je m’assois, pour regarder le coucher de soleil tout en pensant aux longues routes de montagne, aux feuilles qui tombent doucement et à l’une des plus belles expériences de conduite de ma vie.
Texte Ross Brown / Images Dan Froude