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La florissante communauté japonaise de Vancouver mélange talents traditionnels et influences locales, pour un bénéfice mutuel. Notre auteure en profite pour retrouver ses racines au volant du Mazda CX-9.
C’est l’été à Vancouver, mais lorsque je me gare devant l’Artisan Sakemaker dans le quartier Granville Island, on dirait qu’il neige. Les peupliers perdent leurs délicates graines cotonneuses, qui font tellement de misères aux personnes sensibles au pollen, et obligent des gens comme Masa Shiroki, le propriétaire de la boutique, à garder leurs portes coulissantes fermées jusqu’à la dernière seconde.
Aujourd’hui, en compagnie de la photographe Kyoko Fierro, j’ai emprunté un Mazda CX-9 pour explorer les hauts lieux de la culture japonaise à Vancouver. Et, si une micro-randonnée dans un VUS flambant neuf par une belle journée est certainement plus alléchante que mon bureau à la maison, le but a aussi un côté très personnel. Mon père est japonais et ma mère est canadienne et les traditions japonaises et occidentales constituent les fondements de mon identité. Je mange du riz à tous les repas et je danse comme un pied. Les combinaisons culturelles, je les ai dans le sang.
Quant aux mélanges, l’Artisan SakeMaker en sait quelque chose. En 2007, Shiroki a fondé la première exploitation de riz à saké du pays, pour fabriquer cet alcool sur le sol canadien en utilisant les méthodes japonaises traditionnelles. C’était après avoir pris sa retraite, aux alentours de la cinquantaine. C’est sa « deuxième vie », commente-t-il. Ayant abandonné l’idée d’importer du saké tant la concurrence était rude, il s’est dit : « Et si j’en faisais moi-même, dans le jardin du consommateur canadien? Est-ce qu’il se l’approprierait, est-ce qu’il le soutiendrait, parce que ça deviendrait notre saké? »
Réponse, un « oui » retentissant. Les Vancouvérois aiment l’Osake, la marque de l’Artisan SakeMaker, non pas parce qu’il est comme le saké traditionnel, mais parce qu’il a été conçu pour eux. Les proportions de riz, d’eau et de levure sont différentes – sans oublier l’influence du climat de la côte ouest – qui rend l’Osake plus salé que son homologue japonais. La carte de Shiroki suggère des accords culinaires pour chaque bouteille : lasagnes, poulet Tandoori ou tacos de poisson Baja. « Notre saké va avec les mets japonais, mais cela ne m’amuse plus, plaisante Shiroki. On me demande s’il va avec les sushis, et je réponds ‘oui, absolument’, – mais il va plus loin encore! »
Après la visite et une toute petite dégustation (je conduis!), Shiroki sort un album photo des années 70, où il conserve fièrement une photo de lui au volant de sa Mazda Cosmo flambant neuve. Il n’y en avait que 20 au Canada à l’époque, et Shiroki a été attiré par le côté tendance de cette voiture sport. Il se souvient de sa silhouette élégante et de son intérieur bordeaux, mais surtout du slogan. Il le dit en japonais, puis essaie en anglais : « A whiff of Cosmo. » [Un parfum de Cosmo.] Nous rions de cette traduction maladroite. Heureusement le saké sauve tout.
« Shiroki sort un album photo des années 1970, qui recèle une photo de lui au volant de sa Mazda Cosmo flambant neuve. »
Après quelques minutes de route nous voici à Tojo’s, le premier restaurant Omakase de Vancouver et lieu de naissance du rouleau californien. Hidekazu Tojo est sans conteste le chef japonais le plus célèbre de la ville; il a servi tout le monde, de Pink Floyd à Justin Bieber en passant par William et Kate. Après sa formation à Osaka, Tojo s’est installé à Vancouver et a été surpris d’apprendre que de nombreux Canadiens n’aimaient pas les sushis. Ils étaient rebutés par le poisson cru et les algues, mais le chef avait plus d’un tour dans son sac. « Enseigner. Former. Comme pour un bébé », dit-il. Son explication fait rire tout le monde. « Ils n’aiment pas les algues? D’accord, mettons les algues à l’intérieur. Ils n’aiment pas le poisson cru? OK, on fait tout cuire. »
Le rouleau « inversé » de Tojo, composé de crabe dormeur, d’avocat et d’épinards, a connu un succès mondial, et les médias japonais l’ont baptisé « rouleau californien », une généralisation qui ne rend pas justice à Tojo. Certains amateurs de la vieille école n’ont pas apprécié cette variation. « On m’a dit, ‘Tojo, ce n’est pas bien, ce n’est pas traditionnel’, explique-t-il, mais la tradition, ça se crée. » Ce rouleau « d’apprentissage » a encouragé les Vancouvérois à en essayer d’autres et, aujourd’hui, le sushi est un plat incontournable dans la région.
Tojo change sa carte tous les jours. Il innove et adapte, mêlant techniques classiques et ingrédients locaux. Ses clients fidèles, dont certains viennent chaque semaine depuis près de cinquante ans, sont impatients de goûter des créations. Ceux qui viennent de plus loin veulent le rouleau californien original (baptisé « rouleau Tojo » sur la carte). N’en a-t-il pas assez de le faire, demandé-je, alors qu’il en prépare un pour nous? Sa réponse : « Je m’adapte facilement. Ça ne me dérange pas. »
« Après quelques minutes de route nous voici à Tojo’s, le premier restaurant Omakase de Vancouver et lieu de naissance du rouleau californien. »
En mettant le cap à l’est (en faisant bon usage de la climatisation), je suis frappée par la façon dont le chef et le fabricant de saké font preuve d’innovation. Nous sommes si obsédés par les plats et les boissons « authentiques » et par la nécessité de trancher entre le véritable et l’imitation, alors que – comme dit Tojo – toute tradition commence quelque part. Ainsi, Minori Takagi, une artiste-verrier travaillant dans l’est de Vancouver, a créé ses propres traditions. Au Japon, elle fabriquait des perles de verre complexes, tombo-dama, mais elle a changé de style en arrivant au Canada en 2006. « Les gens y sont plus sûrs d’eux. Ils n’ont pas peur d’essayer des bijoux uniques », dit-elle. Elle a d’abord exposé au Powell Street Festival qui célèbre chaque année les arts et la culture des Canadiens d’origine japonaise. Aujourd’hui, elle a son propre studio dans le Mergatroid Building, haut lieu de l’est de Vancouver, entièrement consacré aux artistes.
Takagi crée ses bijoux à partir de tiges de verre importées d’une entreprise d’Osaka, fondée en 1927. À l’aide d’un bec Bunsen japonais et d’un chalumeau à air, elle fait fondre le verre, le façonne et le transforme en colliers, en boucles d’oreilles et autres pièces, toutes superbes et uniques. J’essaie des boucles d’oreilles en forme de crayon (« C’est bien pour vous qui êtes auteure! »), et je suis ravie de leur côté amusant. L’art du verre est un métier sérieux, mais la fantaisie et l’esprit ludique de Takagi imprègnent son travail.
« Takagi crée ses bijoux à partir de tiges de verre importées d’une entreprise d’Osaka fondée en 1927. »
Le verre n’est pas la seule chose qui fond dans l’atelier – c’est une journée caniculaire. Kyoko et moi nous rendons au Nitobe Memorial Garden, puis à Iona Beach, dans la ville satellite de Richmond, où j’ai grandi. Le soleil se couche et il est bon de terminer dans ma ville natale, alors que tant de choses aujourd’hui m’ont fait réfléchir à mes racines. Cela a été une forme de validation. J’ai écouté ces individus remarquables parler de leur métier, de la création de quelque chose de nouveau, influencé par l’Occident – qu’ils ont, à leur tour, influencé. La fusion de deux cultures ne signifie pas nécessairement la dilution de l’une ou l’autre. L’innovation est un défi mais elle est nécessaire, et avec un peu de passion, elle peut être très amusante.
LE MAZDA CX-9
Certes, j’étais un peu nerveuse à l’idée de manœuvrer le tout nouveau CX-9 en ville, mais j’ai fini par ne plus y penser. La caméra de recul et la vue à 360 degrés ont facilité le stationnement, et j’ai adoré la puissance de l’accélération. La journée ensoleillée m’a fait apprécier les plaisirs simples comme la climatisation et chanter en écoutant ma musique sur les haut-parleurs Bose. J’étais seule ou presque – tant mieux, car ma voix n’est pas extra – mais il y avait assez de place pour une demi-douzaine de passagers.
La caméra de recul et la vue à 360 degrés ont facilité le stationnement, et j’ai adoré la puissance d’accélération.
Toute la journée, je me suis sentie comme une VIP (dégustation de saké, chef personnel, bijoux uniques), mais c’est l’intérieur du CX-9 qui m’a donné l’impression d’être une princesse, dans le cocon du siège électrique à huit réglages. Le tournage a duré de 9 h à 22 h 30, et c’était un luxe de prendre le volant entre chaque étape.
La nuit tombée, des DEL futuristes éclairaient l’habitacle et les phares réactifs pivotaient lorsque je tournais le volant. J’ai apprécié l’affichage tête haute qui affichait ma vitesse et la limite de vitesse en vigueur. Des capteurs m’ont avertie si je clignotais lorsqu’il y avait un véhicule dans l’angle mort. La conduite a été confortable et facile, et bien que j’aie parcouru toute la ville, la jauge de carburant a à peine bougé. J’aurais pu aller beaucoup plus loin et j’ai même envisagé un instant de ne pas rendre cette voiture formidable.
Texte Alyssa Hirose / Images Kyoko Fierro